Jusqu’au 14 janvier 2017, le Centre culturel des Chiroux propose une rétrospective de l’œuvre d’Anne Brouillard. Artiste singulière et surdouée, Grand prix triennal de la littérature jeunesse, voilà vingt ans et une petite cinquantaine d’albums qu’elle enchante petits et grands avec ses belles histoires qui envoûtent et invitent au voyage. Depuis son premier livre « Trois chats » (Le Sorbier) sorti en 1990, Anne Brouillard n’a cessé d’enrichir et de développer son monde intérieur qu’elle nous fait partager grâce à ses illustrations. De magnifiques peintures réalisées à base de jaunes d’œufs et de pigments dont les silhouettes et les mouvements sont soulignés à l’encre noire.

Les originaux exposés aux Chiroux sont ceux utilisés par l’illustratrice pour concevoir ses albums : une quarantaine de dessins encadrés, deux maquettes sous verres, quelques carnets d’esquisses. C’est le petit chien Killioc qui nous sert de guide dans cet univers riche et poétique. Un diaporama projeté sur un grand pan de mur laisse défiler l’histoire du livre « Petit chien » (Seuil Jeunesse, 2012) ; en quelques couleurs, du vert tendre, du blanc, du rouge, et par un procédé d’anamorphose Anne Brouillard fait vivre le cycle des saisons à un Killioc tour à tour amusé, surpris et inquiété par un joli ballon changé en gros champignon vénéneux qui se multiplie pour donner ensuite des flocons de neige qui fleuriront en tulipes …. Puis, on se laisse porter par l’exposition et par l’imagination de l’artiste qui puise son inspiration dans le quotidien. De ces menues choses de la vie , elle fait naître une véritable magie que l’on découvre dans ses dessins. Ce que l’on voit de la fenêtre d’un train en marche dans le superbe livre accordéon « Voyage d’hiver » (Esperluète, 2013), l’aventure que devient la tombée du jour pour le petit garçon installé dans la cabane au fond du jardin (« Les Aventuriers du soir », Editions des Eléphants, 2015), la simple sieste d’un bébé bercé par les animaux de la forêt pendant que sa grand-mère lui prépare un goûter (« Petit somme », Seuil Jeunesse, 2014), le jeu de ces souris qui se cachent dans la maison d’une vieille dame complice (« La vieille dame et les souris », Seuil Jeunesse, 2007) ou encore, plus élaboré, le rêve de cet enfant où un étrange poisson prend possession des lieux d’habitation (« Le rêve du poisson », Sarbacane,2009). Puis, au fil du parcours, on retrouve Killioc dans les somptueuses planches de « La Grande Forêt. Le pays des Chintiens » (L’école des loisirs, Pastel, 2016), dernier album en date de l’artiste ; il est le personnage central de cette palpitante aventure puisée aux sources de l’enfance de l’artiste.
Tout Anne Brouillard est là dans cette exposition : son formidable coup de crayon, son sens graphique, sa maîtrise de la lumière – celle du soleil ou des ombres à l’extérieur, ou celle, plus intime, des lampes allumées dans la maison -, mais également les thèmes qui lui sont chers et qui reviennent en leitmotives dans ses dessins. La nature d’abord, celle de son enfance suédoise, à travers les forêts qu’elle affectionne tout particulièrement, plantées d’une grande variété d’arbres -dont on retrouve l’étude dans un de ses carnets d’esquisse -, et l’eau qui se matérialise par de nombreux lacs et étangs. Les animaux ensuite, une planche est entièrement consacrée au bestiaire peuplant la forêt, renards, blaireaux, lièvres, hérissons, écureuils, hiboux, rongeurs … Mais aussi, les intérieurs de maisons, de cabanes, délicieusement désuets et vivants, contenant mille détails à examiner. Et enfin, les voyages et surtout ceux en train, les gares qu’elle a beaucoup fréquentées, les paysages qui défilent à la fenêtre et constituent une source inépuisable d’inspiration. Comme elle le dit en souriant, chez elle « tout pourrait être vrai mais tout est imaginé ! »
Stéphanie Simonnet.

L’exposition Le pays de Killiok, À quoi rêve Anne Brouillard du samedi 29 octobre 2016 au samedi 14 janvier 2017 au Centre Culturel de Liège – Les Chiroux, Place des Carmes, 8 – 4000 LIÈGE.

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