A partir du 10 novembre, l’exposition « CoBrA et après » au Grand Curtius, se double d’une présentation d’œuvres complémentaires de Pierre Alechinsky, figure majeure du mouvement CoBrA en Belgique. Cette exposition est réalisée avec la précieuse collaboration du Musée de l’Image imprimée de La Louvière.

Dans les années 1930, Alechinsky étudie à l’école Decroly à Bruxelles, il est un étudiant modéré. On oblige l’enfant gaucher à écrire de la main droite. La gauche, sa meilleure main, les éducateurs la lui laisseront pour les travaux « de moindre importance » : le dessin…  De 1944 à 1948, il étudie l’illustration du livre, la typographie, les techniques de l’imprimerie et la photographie à l’École nationale supérieure d’Architecture et des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles. C’est pendant cette période qu’il découvre l’œuvre d’Henri Michaux, de Jean Dubuffet et des surréalistes. Il rencontre et se lie d’amitié avec le critique d’art Jacques Putman, qui consacrera de nombreux écrits à son œuvre. Il commence à peindre en 1947 et fait alors partie du groupe Jeune Peinture belge, qui réunit notamment Louis Van Lint, Jan Cox et Marc Mendelson.

pierre-alechinsky-1 Pierre Alechinsky devient très rapidement l’un des acteurs majeurs du monde artistique belge de l’après-guerre. Il fonde avec Olivier Strebelle et Michel Olyff dans une maison communautaire, les Ateliers du Marais. Après sa rencontre avec Dotremont, il adhère en 1949 à CoBrA. Il participe aussitôt à la première exposition au Stedelijk Museum. Alechinsky s’y implique très fortement, organisant la deuxième exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il contribue à la réalisation de la revue CoBrA. Son travail illustre régulièrement la spontanéité sans frein, le rejet de l’abstraction pure et du « réalisme socialiste », et le refus de la spécialisation.

 

L’exposition bénéficie de la donation de Pierre Alechinsky au Musée de l’Image imprimé de La Louvière. Le parcours illustre parfaitement, après la dissolution du groupe CoBrA, la prolongation de l’esprit du mouvement dans sa carrière après 1951. « CoBrA, c’est mon école », a dit Alechinsky. Il s’installe à Paris. Il va compléter sa formation de graveur et s’initier à de nouvelles techniques à l’Atelier 17, dirigé par Stanley Hayter. C’est l’époque, à partir de 1952, où il se lie d’amitié avec Alberto Giacometti, Bram van Velde, Victor Brauner et où il commence une correspondance régulière avec le calligraphe japonais Shiryu Morita de Kyōto.

 

Cette double exposition au Curtius permet aussi d’insister sur le rôle de la Belgique, avec ses artistes, de Christian Dotremont à Pierre Alechinsky, qui ont joué un rôle essentiel dans l’histoire du mouvement. Jamais mouvement n’aura prôné autant la liberté de créer, la vivacité et la rapidité de pose du trait et de la couleur. Comme le dira Christian Dotremont, la Belgique aura été longtemps l’épicentre de cet esprit créatif révolutionnaire, dominé par « le désir d’une force créatrice invisible, ni organisée, ni désorganisée, où sont mêlés la forme et le contenu, la fin et les moyens, la laideur et la beauté, le dessin et la couleur, les puissances subjectives et les références aux réalités extérieures, dualité entretenue depuis la Renaissance par l’art aristocratique puis bourgeois ».

 

Jean-Christophe Hubert

 

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